Aujourd’hui, on rencontre Dienaba Diallo, intervenante chez Gleebaby et Doula, qui nous parle de l’expérience de l’accouchement à la maison. Prêts pour l’aventure ?

Accoucher à la maison : créer un espace d’intimité pour accueillir Bébé
Dans la société française actuelle, on pense souvent qu’un accouchement doit forcément se faire en maternité. Pour autant, de plus en plus de personnes connaissent des alternatives tels que les plateaux techniques ou les maisons de naissances pour lesquels on trouve des informations relativement facilement.
Mais peu de personnes savent qu’il est possible d’accoucher à la maison avec la sage-femme avec laquelle on a fait le suivi de grossesse. Quand la sage-femme est présente lors de l’accouchement, on parle d’Accouchement Assisté à Domicile ou simplement Accouchement à Domicile (AAD) . Si on accouche seule, il s’agit d’un Accouchement Non Assisté (ANA).
Contrairement à certaines croyances, mettre au monde son bébé chez soi est totalement légal et, dans certaines conditions, cela peut avoir de nombreux avantages et bénéfices.
L’AAD est méconnu et souvent porteur de préjugés forts. Il est important d’avoir des informations claires pour choisir en conscience le lieu de naissance de notre bébé.
D’après Michel Odent (obstétricien, pionner de la défense de l’accouchement physiologique) lors de l’accouchement, la femme doit se déconnecter de son néo-cortex (la partie du cerveau qui réfléchit) pour se connecter au cerveau reptilien (le cerveau instinctif)
Or, pour pouvoir se connecter pleinement à son cerveau reptilien il est important de pouvoir être dans un environnement calme, loin des regards inconnus, dans la pénombre et de se sentir en sécurité est essentiel.
Les avantages de l’accouchement à domicile
De ce fait, l’accouchement à domicile présente de nombreux avantages qui permettent à la future mère de lâcher-prise. Etre dans un lieu connu, entourée de personnes choisies, avoir la possibilité de se restaurer si besoin, ne pas être auscultée régulièrement (ce qui peut ralentir le travail et faire monter le stress), L’entière liberté de mouvement, de positions etc. C’est la même sage-femme qui vous suit pendant la grossesse, qui est présente à l’accouchement et qui s’occupe également du suivi post-partum.
Ce projet de naissance permet d’être pleinement actrice de son accouchement, de choisir à chaque étape, et de respecter « le temps » de naissance. Aucune pression. L’environnement propice pour donner confiance à la femme dans sa capacité à mettre au monde son bébé.
En plus de cette ambiance intime dans laquelle on se sent en sécurité permet de sécréter l’ocytocine, hormone essentielle dans le bon déroulé de la naissance. Cris, pleurs, chants, gémissements, balancements, massages, tout ce qui est bon pour vous pourra être accueilli sans crainte de « gêner » ou de « déranger ». En plus de sa sage-femme on peut aussi choisir d’être accompagnée par sa doula.
Le mot “doula”, du grec ancien, est utilisé dans le domaine de la périnatalité. Il permet de nommer une femme qui a pour vocation d’aider une autre femme et son entourage pendant la grossesse, l’accouchement et la période postnatale, grâce à son expérience et à sa formation.
A la maison on peut aussi choisir d’accoucher dans la baignoire ou dans une piscine prévue à cet effet. Il n’y a pas de protocole à respecter (sauf cas particuliers) en termes de temps, si votre santé et celle de votre bébé vont bien. Accoucher à la maison signifie aussi avoir fait le choix d’un accouchement sans péridurale.
Une fois le bébé né, on peut choisir de laisser battre le cordon avant de le couper ou de ne pas le couper du tout (bébé lotus). On peut rester en peau à peau pendant aussi longtemps qu’on le souhaite, sans que les soins aux nourrissons (obligatoires en maternité) viennent déranger les premiers instants de cette rencontre magique.
Les contre-indications à l’accouchement à la maison
Attention, l’AAD n’est en effet pas accessible à tous ! De nombreux critères peuvent mettre à mal votre projet de naissance, notamment :
Pour la maman :
- Hypertension artérielle non traitée et significative (risque de pré-éclampsie)
- Diabète
- Anémie
- Placenta praévia
- Problème cardiaque existant
- Antécédents d’hémorragie de la délivrance
- Plaquettes basses ou problèmes de coagulation avérés
- Utérus cicatriciel
- Accouchement avant la 37e ou après la 42e semaine d’aménorrhée, pas de suivi de grossesse et/ou pas d’échographie morphologique
Pour le bébé :
- Retard de croissance
- Présentation en siège ou en transverse
- Une grossesse multiple
- Bébé porteur d’une pathologie nécessitant une prise en charge pédiatrique immédiatement après la naissance
L’environnement :
- Plus de 20-30 minutes de l’hôpital
- Plus d’une heure du domicile de la sage-femme
- Pas d’accès à l’eau courante
Le choix de l’AAD est souvent le résultat d’un besoin d’intimité, l’envie de respecter la physiologie de la naissance, de pouvoir être autonome et de mettre au monde son bébé dans la douceur du cocon familial.
Bibliographie
Si vous avez envie d’aller plus loin, voici 3 ouvrages phares en la matière :
- Michel Odent « le bébé est un mammifère »
- « Attendre bébé autrement » Catherine Piraud-Rouet & Emmanuelle Sampers-Gendre
- « Accoucher sans stress avec la méthode Bonapace » Julie Bonapace